Dans mon blogue précédent, j’ai parlé de l’importance de l’accommodement dans toute relation, mais également des risques associés au fait d’être trop conciliant. J’ai également souligné que la réciprocité des accommodements est primordiale. Dans la deuxième partie, je vous donne des conseils sur l’importance de formuler des objections et sur la façon de les exprimer sans blâmer et de manière efficace.

L’importance de l’objection

Il est utile de formuler une objection lorsqu’on a l’impression d’être trop conciliant. C’est important, car cela permet de partager vos pensées et vos sentiments avec l’autre personne, et peut-être d’aller plus loin et de fixer des limites ou de faire une contre-proposition. Ce n’est toutefois pas une occasion d’avoir raison à tout prix. La personne qui émet des objections peut ou non avoir manifestement « raison », mais dans la plupart des situations (c’est-à-dire celles qui ne concernent pas des questions de vie ou de mort), il est moins important d’avoir raison que d’être authentique. L’authenticité permet à ceux qui vous entourent d’apprendre à vous connaître. Cela demande une certaine dose d’humilité et de courage, car votre authenticité ne sera pas toujours acceptée ou appréciée. Ainsi, évaluez l’importance de votre objection et le coût de cette objection.

Déterminer le bon moment pour être conciliant ou comment choisir votre objection (fixer vos limites)

Avant d’accepter une demande d’accommodement, la personne peut fixer des limites claires pour créer l’attente qu’elle peut accepter ou rejeter la proposition, à chaque fois. Revenons à l’exemple précédent, celui où le superviseur surcharge le travailleur. Imaginez que le travailleur dise : « Je peux le faire cette fois-ci », préparant ainsi son supérieur à une future décision, peut-être différente. Ou, si le travailleur ne peut pas le faire dans le délai proposé, la personne peut dire : « Je peux le faire, mais pas avant mardi ».

Fixer des limites a souvent un coût. Dans le cas des travailleurs, ils risquent de perdre leur emploi, mais s’ils continuent à se surmener, ils risquent de mettre leur santé et leur bien-être en danger. Chaque fois que nous choisissons de nous opposer, il faut calculer les coûts et les avantages pour respecter nos propres valeurs. Parfois, une valeur aura la priorité sur une autre. Dans l’exemple du travail, le risque de perdre son emploi (ou de ne pas être pris en considération pour une promotion) est plus grand si le marché du travail est difficile ou si le besoin de revenus est particulièrement pressant. Ce risque est comparé au coût pour le bien-être et parfois pour la santé. Dans les relations interpersonnelles, le coût est de perdre un ami ou un partenaire comparativement au respect de soi-même. Certains choix sont plus faciles que d’autres.

Une façon de déterminer si votre objection vaut la peine de prendre un risque est de se poser trois questions : Est-ce vrai? Est-ce utile? Est-ce nécessaire? Si la réponse à ces trois questions est « oui », l’objection vaut probablement le risque que vous avez évalué, mais comme toujours, cette décision vous appartient. Il peut aussi être indiqué de se demander : est-ce le bon moment pour faire cette objection?

Formuler votre objection sans blâmer

Une fois que vous avez décidé d’exprimer une objection, l’étape suivante consiste à réfléchir à la manière de l’exprimer. La communication non violente (CNV), élaborée dans les années 1960 par Marshall Rosenberg pour aider les gens à avoir des discussions et des désaccords empathiques, comporte quatre étapes : l’observation de faits concrets sans jugement, la distinction des émotions suscitées par la situation décrite, l’identification des besoins qui ne sont pas satisfaits dans la situation et la formulation d’une demande d’action concrète dans l’espoir de voir ces besoins satisfaits. Ainsi, la conversation de CNV sur le travail pourrait se dérouler de la manière suivante :

« Je remarque que lorsque j’accepte du travail supplémentaire, je dois rester plus tard, et mon niveau de stress est plus élevé. Je crains également que l’impact sur mon emploi soit négatif si je refuse d’accepter du travail supplémentaire, en ce sens que je pourrais ne pas être considéré pour une promotion ou même perdre mon emploi. (Observation). Cela me donne un sentiment d’insécurité au travail et de frustration en dehors du travail, parce que j’ai moins de temps à consacrer à des activités de détente et que je prends du retard ou me sens pressé dans mes tâches à la maison (Émotions exprimées). Lorsque je n’ai pas suffisamment de temps pour me détendre et que je ne me repose pas autant que nécessaire, je m’inquiète des effets à long terme sur ma santé et mon bien-être (Besoins non satisfaits). J’aimerais accepter ce projet, mais j’aimerais qu’il soit entendu que, bien que j’accepte cette demande, je pourrais refuser d’autres projets à l’avenir afin de pouvoir rester en bonne santé, heureux et productif dans mon travail. Qu’en pensez-vous? (Demande) »

Dans les relations plus intimes, avec des amis ou des partenaires intimes, les étapes sont les mêmes. Cela pourrait se dérouler comme suit :

« Je remarque que lorsque nous parlons de mes sentiments, tu orientes la conversation sur ce que tu ressens et rediriges ton mécontentement dans ma direction (Observation). Cela me rend triste et frustré parce que je me sens seul dans mes sentiments (Émotions exprimées). J’ai besoin de sentir que tu me vois et me comprends, que j’ai droit à mes sentiments et à un espace où les exprimer (Besoins non satisfaits). Je me demande si tu pourrais m’écouter sans ajouter d’explications à ton comportement et essayer de comprendre la situation de mon point de vue (Demande) ».

Il est important que la personne qui mène cette conversation ne s’attende pas à ce que toutes les demandes soient satisfaites. Bien sûr, on espère que ce sera le cas, mais ce n’est pas toujours possible pour diverses raisons. Le fait d’exprimer ses objections a une valeur en soi, même si la demande n’est pas satisfaite.

Être intentionnel

Le fait d’être intentionnel quant au moment et à la manière d’être conciliant vous aidera à maintenir un équilibre dans vos relations. Remarquer quand et comment on est conciliant, et si cet accommodement est apprécié, accepté de manière neutre ou s’il constitue en soi un obstacle à la relation, est une compétence qui s’apprend. Prêter attention à ce qui est important pour soi et pour son/ses partenaire(s) est le fondement des bonnes relations.

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