Lorsque les gens parlent de se préparer en prévision de leurs vieux jours, la plupart d’entre eux font référence aux finances, aux RÉER et peut-être à des problèmes d’accessibilité. Les milieux de travail offrent des ateliers, votre banquier (si vous en avez un) se préoccupe de cette question. Auparavant, il ne restait pas beaucoup de temps après la retraite. Maintenant dans la mi-cinquantaine, j’envisage ma vieillesse d’une tout autre façon. Je pense à la manière dont je veux vivre, dont je veux qu’on s’occupe de moi et dont je veux mourir.

 J’ai toutefois remarqué, comme vous j’en suis certaine, qu’il ne s’agit pas d’un sujet de conversation polie lors de la plupart des soupers. Alors, lorsque j’ai entendu parler cet hiver de la possibilité de discuter uniquement de ce sujet avec d’autres personnes intéressées, j’ai sauté sur l’occasion. Le cours était offert à Montréal par Janet Torge, de Radical Resthomes, et les sujets abordés étaient qu’est-ce que vous ne voulez pas pour votre vieillesse, qu’est-ce que vous voulez, qu’est-ce qui est offert et où pouvez-vous le trouver, quelle est votre contribution (finances, compétences, autres ressources) et que se passe-t-il lorsque vous ou une personne avec qui vous habitez ou dont vous êtes très proche devient malade ou meurt? Ce cours était très bien structuré et je vous le recommande si ce sujet vous intéresse.

Jadis, la plupart des gens prenaient leur retraite aux alentours de 65 ans et mouraient entre 10 et 15 ans plus tard. Ce n’est plus le cas maintenant : les gens vivent jusqu’à 80 ans et plus, ce qui représente 20 ans de plus au moins… de quoi? Donc oui, c’est important de penser à ses finances et de planifier de manière à avoir suffisamment d’argent pour vivre nos très longues vies convenablement. ET oui, il ne semble pas que la prochaine génération aura assez d’argent pour prendre soin de nous, alors ce serait une bonne idée de disposer d’un financement qui irait au-delà du moment prévu pour notre pension (si nous avons la chance d’en avoir une!). Ce n’est toutefois pas la seule façon de se préparer pour soi-même, notre retraite et notre vieillesse.

Qu’en est-il de se préparer pour notre retraite de notre communauté de travail? Comment resterez-vous actif socialement et en santé si vous ne voyez pas vos collègues tous les jours? Ou si vous avez des enfants ou un(e) conjoint(e) et qu’il ou elle est encore là, que ferez-vous lorsqu’il ou elle sera parti et que vous n’avez plus à faire ces petits ajustements sociaux que vous faites en ce moment sans même vous en apercevoir? Je vois ces ajustements comme les muscles responsables de la proprioception sociale. La proprioception désigne notre perception de la position de notre corps dans l’espace et vous pouvez facilement en avoir conscience en essayant cette petite activité : tenez-vous sur un pied et observez tout ce qui se passe dans les muscles de la jambe sur laquelle vous vous tenez. C’est votre corps qui s’exerce à demeurer debout dans l’espace. À présent, imaginez que vous vivez avec votre enfant ou votre conjoint(e) et pensez à toutes les petites choses que vous faites pour garder cette relation équilibrée : faire un petit geste d’affection, proposer de faire à souper, remarquer que le regard de votre proche n’est pas aussi vif qu’à l’habitude, etc. Ce sont vos muscles de proprioception sociale qui travaillent. Bon, imaginez maintenant que vous n’avez pas cette pratique quotidienne. Que certains jours, vous ne sortez même pas de la maison, car vous n’avez plus à vous rendre au travail et vous avez fait vos cours la veille. Et imaginez que ces muscles sociaux s’affaissent un peu plus chaque jour si vous n’avez pas de contact significatif avec d’autres personnes. Et nous ne tenons même pas compte de notre besoin humain d’être vu et apprécié!

 Les recherches sont souvent peu claires, mais elles le sont par rapport à la vie au sein de communautés définies. Et ce que la documentation dit est que nous vivons une vie meilleure, plus heureuse et plus en santé lorsque nous sommes en communauté. Cela ne veut pas dire habiter dans une commune, bien que cela puisse vous intéresser. Cela suggère simplement que vous pourriez réfléchir au type de communauté dans laquelle vous voudriez passer vos vieux jours. Voulez-vous être entouré de gens de votre âge ou vous voyez-vous plutôt faire partie d’une communauté multigénérationnelle? Voulez-vous être dans un environnement multiculturel ou avec des gens qui vous ressemblent et avec qui vous partagez vos valeurs culturelles? Une communauté organisée ou non? Qu’est-ce que vous NE VOULEZ PAS? Qu’est-ce que vous voulez?

Il peut être trop tard pour réfléchir à tout cela une fois que vous êtes déjà à la retraite. Penser à la manière dont vous vous nourrissez en ce moment peut vous aider à savoir comment vous voudrez vous nourrir plus tard. Voulez-vous vivre seul? Voulez-vous vivre dans votre propre espace, mais dans une communauté, intentionnelle ou improvisée? En ville ou à la campagne? Voulez-vous vous impliquer dans votre communauté ou vous préférez qu’on prenne soin de vous? Comment voulez-vous qu’on s’occupe de vous, qui voulez-vous qui prenne soin de vous lorsque vous serez malade et à quel endroit voulez-vous qu’on le fasse?  Comment voulez-vous finir vos jours?

De nouveaux mouvements axés sur la nécessité d’avoir un plan médical de fin de vie plus détaillé qu’une simple ordonnance de ne pas réanimer prennent de l’importance. On ne nous a pas habitués à avoir ces conversations difficiles.  Il n’y a pourtant pas de meilleur moment que maintenant pour apprendre à les avoir.