J’ai beaucoup réfléchi au pardon. Qu’est-ce que le fait de pardonner à quelqu’un apporte de positif dans notre vie? J’ai l’impression de me débarrasser d’un fardeau, un peu comme lorsque vous avez fait vos emplettes, que vous avez acheté ce dont vous aviez besoin et plus, sans réaliser que vous deviez maintenant marcher trois pâtés de maisons et monter trois volées d’escaliers pour tout rapporter à la maison. Les sacs commencent à vous scier les mains, vos épaules commencent à protester et à mi-chemin, vous vous demandez si vous allez arriver à bon port et pensez à appeler un taxi pour le dernier pâté de maisons! Mais lorsque vous arrivez enfin, que vous montez ces escaliers et déposez délicatement vos sacs sur le plancher de la cuisine, quel soulagement!
Le pardon, c’est ce que vous ressentez quand vous laissez tomber doucement ces sentiments qui vous scient, qui protestent, qui vous pèsent et vous vous libérez de leur emprise. Pourquoi est-ce parfois si difficile à faire? Parce qu’en plus de tout le ressentiment accumulé pour ce qui vous importune, il y a quelques kilos d’orgueil qui vous écrasent. Une foule de questions comme « Comment puis-je laisser cela se produire sans réagir? », « Comment cette personne peut-elle penser/faire/dire cela? », « Pourquoi moi? » surgissent et nous empêchent de voir clairement qu’accepter simplement que la situation s’est produite peut nous aider à pardonner à cette personne d’avoir fait peu importe quoi et à laisser tomber ce poids. Et ce n’est que pardonner les autres!
Qu’en est-il de se pardonner soi-même? Se pardonner de ne pas avoir pu aider quelqu’un (dans notre pratique ou notre vie personnelle), de ne pas avoir été là pour quelqu’un qui avait besoin d’aide, de ne pas donner à tous ceux qui ont moins de chance que nous, d’avoir blessé quelqu’un involontairement par un manque d’attention ou de sensibilité. Il semble que ce soit encore plus difficile que de pardonner les autres. On pourrait craindre que se pardonner soi-même excuse notre comportement, nous donne l’impression que « c’est correct de faire mal à quelqu’un ». Ce n’est pas ce que je veux dire par se pardonner. Se pardonner un tort que nous avons causé consiste à accepter que malgré le fait que vous fassiez de votre mieux, vous êtes humain, donc vous ne réussirez pas à être parfaitement tolérant et gentil. En ce qui me concerne du moins, reconnaître cette réalité me donne la nette impression de faire mieux.
Une fois que nous nous sommes libérés de ce fardeau de souffrance que nous gardons à l’intérieur, contre nous-mêmes ou d’autres, quelle énergie nous reste-t-il pour profiter de notre vie et trouver la satisfaction de vivre pleinement sans rancune?
