Qu’est-ce que l’amour bienveillant envers soi-même? De mon point de vue, en un mot, c’est l’acceptation. L’acceptation de ce qui est en ce moment, plutôt que la résignation ou l’abdication. C’est le sentiment de prendre la rivière comme elle est en ce moment – calme et claire à la fin de l’été, boueuse et turbulente dans la débâcle de la crue printanière – et ne pas souhaiter qu’elle soit autrement. C’est nous prendre dans notre imperfection, souvent dans une période d’apprentissage ou de stagnation, durant laquelle des choses invisibles se produisent. C’est ne pas vouloir être autrement, sans renoncer à notre intérêt de nous permettre, voire de nous encourager, à grandir et à changer.
Réussir cette acceptation est un beau défi. Il comporte de nombreux éléments, mais un élément central à travailler consiste à être intentionnel. Lorsque nous devons prendre une décision, nous pouvons être inactifs, ce qui est en soi une décision, même si elle est cachée. Parfois, nous prenons une décision, mais timidement. Dans les deux cas, si le résultat n’est pas comme nous l’avions souhaité, nous pouvons facilement nous rabattre sur l’autocritique et la rumination, qui sont toutes deux énergivores et non productives. Ou bien nous pouvons dire «je n’ai pas vraiment choisi cela » et blâmer les autres, sans jamais vraiment assumer la responsabilité de notre comportement. Il n’y a pas grand-chose que nous contrôlons vraiment dans notre vie et céder le peu de pouvoir que nous avons peut nous faire sentir comme une victime des décisions et des comportements des autres et nous voler notre « mojo ».
Lorsque nous choisissons résolument une direction et que cela ne fonctionne pas, elle devient simplement une erreur dont nous pouvons tirer des leçons, qui nous rend un peu moins vulnérables aux attaques des autres et de nous-mêmes, toujours au pouvoir, acceptant à la fois l’erreur et la leçon. Plutôt que de nous attaquer à nous-mêmes, nous pouvons nous imaginer que, comme ceux que nous aimons, nous avons le droit de commettre des erreurs, sans que ce soit catastrophique au point de nous amener à dénigrer celui qui les a commises (nous-même!). Nous pouvons avoir un dialogue empathique et tendre avec nous-mêmes, apprendre de nouvelles façons d’accepter nos propres erreurs. « C’était stupide » peut devenir « C’était une erreur. Ce n’est pas si terrible, ça va aller ».
Comme nous dirions à quelqu’un qu’on aime.
