Qui n’a pas vécu une journée de découragement? Elle peut se caractériser par une envie de rester au lit, de dormir, de boire de l’alcool, de prendre de la drogue, d’acheter des choses, de manger des choses que vous pensez qui vous apporteront du réconfort. Bref, trouver des façons de s’évader ou de faire disparaître le découragement. Mais qu’est-ce que le découragement? Si on décompose le mot, on obtient dé-courage-ment. Alors, qu’est-ce que le « courage » fait là?
Dans le dictionnaire, le préfixe latin « dé- » veut dire « deux sens, en deux », au sens de « à l’écart, éloigné ». Voilà pour le commencement. Examinons maintenant le dernier élément, « -ment », qui signifie « le fait de définir ou de faire ». Donc, le découragement désigne « éloigné de faire le courage ». Mais quel est le lien entre le courage et le sentiment que nous ressentons lorsque nous sommes découragés? J’avancerais qu’il s’agit de l’absence, possiblement temporaire, du courage nécessaire pour vivre avec espoir, pour changer en fonction des aléas de la vie, de s’adapter aux circonstances, peu importe ce que la vie nous réserve.
En 2015, l’hiver à Montréal (et ailleurs) fut capricieux et glacial. Il peut être décourageant (encore un dé-), jour après jour, de superposer couche après couche pour se retrouver frigorifié dès l’instant où vous mettez le nez dehors. Ou si vous habitez un peu plus au sud, comme mes amis au Connecticut et au Massachusetts, dès que vous venez de pelleter votre voiture ou votre entrée, voilà que 18 pouces (ou 46 cm pour des Canadiens ou d’autres personnes dans le monde) de neige tombent du ciel. Et lorsque vous êtes débordé par le travail ou que vous n’en avez pas assez, qui se pointe? Le découragement.
OK, alors que faites-vous avec ce redoutable visiteur? Je ne sais pas en ce qui vous concerne, mais moi, quand je me sens découragée, la dernière chose dont j’ai envie, mais vraiment la DERNIÈRE, c’est que quelqu’un me remonte le moral en me disant « Essaie de mettre les choses en perspective » ou quelque chose du genre. Cela peut me mettre en colère et ce n’est pas utile, surtout lorsque cela s’ajoute au découragement déjà paralysant. Dans ma vie, me distraire simplement pour me distraire n’est pas une possibilité. Alors, que puis-je faire?
Je fais des choses productives, avec beaucoup d’attention, en observant comment elles me font sentir. J’arrête si je remarque qu’elles me causent de l’anxiété (après avoir porté un regard attentif et curieux à cette anxiété, bien sûr) et je cherche d’autres façons de canaliser mes émotions. Je regarde où je peux faire un pas courageux, si petit soit-il, grâce à cette énergie. Me débarrasser des tâches pénibles est souvent utile pour moi. J’ai tardé à les faire parce qu’elles ne sont pas agréables, alors trouver le courage de les faire, aussi modestes et banales soient-elles, compense souvent le « dé- ». Je peux également trouver une autre manière de « m’asseoir » avec mes émotions et leur faire de l’espace. Je me tourne vers de la poésie ou de la musique qui me renvoient mes émotions afin que je puisse les observer. Je m’attarde à tout ce envers quoi je ressens de la gratitude. Puis, je laisse ce bon vieux découragement être, tout simplement.
